La complexité des hypersensibles

" Je suis doué d'une sensibilité absurde. 
Ce qui érafle les autres me déchire. " 
Hypersensible

Cette confession puissante et touchante de Flaubert à George Sand a trotté dans ma tête plusieurs jours durant.
Pourquoi absurde ? Parce que cette sensibilité dérange ? Parce qu'elle n'était pas compatible avec la dureté de la société du XIXème siècle pas plus qu'elle ne l'est avec celle d'aujourd'hui ?
Cette sensibilité exacerbée est aussi un cadeau, peut-être lourd à porter, mais qui a probablement contribué à nourrir la créativité de Flaubert comme celle de nombreux artistes. Serait-il possible de créer sans voir le monde à travers tous nos sens ? Sans cette capacité hypertrophiée à ressentir ce qui nous entoure ? Le quotidien serait bien fade sans ces amoureux des mots, ces jongleurs de notes, ces magiciens des couleurs, ces bâtisseurs de rêves, ces constructeurs fantasques.
La vie serait bien triste si elle n'était constituée que d'individus robotisés, d'humains déshumanisés à trop vouloir taire leurs émotions.
20% de la population serait considérée comme hypersensible, sur un plan émotionnel ou sensoriel.
Ni une maladie, ni un handicap, l'hypersensibilité peut pourtant s'avérer compliquée à vivre au quotidien, y compris pour l'entourage qui ne sait pas toujours gérer ces caractères "à fleur de peau".
Elle renvoie à l'essence même des relations humaines et illustre l'incompréhension des sentiments, source de bien de malentendus.
Comment imaginer que ce qui nous touche à peine puisse faire aussi mal ?
Nous devons accepter que la souffrance est un état subjectif au sens propre du terme.
Une même situation, une même phrase, peuvent blesser une personne et laisser une autre indifférente. D'où la difficulté à appréhender et à comprendre le mal-être d'autrui.
Nous avons naturellement tendance à comparer, comme s'il pouvait y avoir une compétition de la douleur. Alors que la seule échelle d'intensité qui compte est celle du ressenti de chacun.
Respecter ce ressenti à défaut de l'expliquer, l'écouter avec son coeur. Et souffler dessus tout doucement... pour que s'envolent les délicates aigrettes des tourments.

Véronique Fima
Réflexion Durable
Retrouvez-moi sur Linkedin

Crédit photo © David Zawila, Unsplash  


Commentaires

  1. Hypersensibilité, intelligence emotionnelle... ce sont ces concepts qui font que nous sommes des humains et qui nous différencient de l'IA.
    Il est vraiment venu le temps d'y accorder de l'importance pour développer L'ÊTRE dans chacun de nous.

    Nathalie R

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ou comment préserver la part d'humanité de l'être humain avant que l'IA ne nous rattrape ?

      Supprimer
  2. Un article qui nous livre une réflexion très intéressante sur l'hypersensibilité, capable d'être génératrice d'une créativité hors du commun... mais aussi un pouvoir qui ne va pas sans souffrance! voilà
    un bel exemple de toute la complexité de l'être humain que Flaubert a su magnifiquement résumé.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. La complexité de l'humain en fait toute sa richesse. De la souffrance peuvent naitre de belles choses... à condition qu'elle reste supportable pour celui qui la subit.

      Supprimer

Enregistrer un commentaire

N'hésitez pas à me laisser un petit commentaire ou une question.
Soit par votre compte Google, soit en "anonyme". Cliquez bien sur "publier"... sinon cela ne s'affiche pas.
Merci :-)

Posts les plus consultés de ce blog

La publicité peut-elle encore susciter le désir ?

Ce qui nous lie

Etes-vous un ultracrépidarien ?