En 2020, j'arrête !


Consommation responsable














J’arrête quoi au juste ?
Tout.
Je vais partir vivre sur une ile déserte sans 4G, je me déplacerai dans une pirogue en bois recyclé, je me laverai dans la mer, sans savon, et je mangerai des criquets, non pas de viande, des feuilles. Un vrai retour aux sources, sans pollution, sans déchets… sans rien en fait.
Mais là encore, je suis sûre qu’une personne bien intentionnée trouvera matière à critiquer. Trop ceci ou pas assez cela.
Car depuis quelques mois, fleurissent sur la toile des reportages et commentaires qui nous culpabilisent quoi que nous fassions.
« Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. (…) La Terre et l'humanité sont en péril, et nous en sommes tous responsables. » C’est sur ces phrases que Jacques Chirac ouvrait son discours lors du IVème Sommet de la Terre en 2002.
Aujourd’hui, la planète brûle et ce n’est plus une métaphore comme en témoignent les graves incendies qui ont ravagé le Brésil et l’Australie. Hormis les climato-sceptiques encore nombreux, le monde a pris conscience des enjeux qui l’attendent et des efforts considérables que chacun doit accomplir, sur un plan individuel et collectif.
Pour autant, sommes-nous prêts à changer radicalement de vie ? Et si d’aventure nous l’étions, quelles en seraient d’ailleurs les conséquences ? Mais ceci est un autre débat.
En attendant, pouvons-nous encore céder au plaisir d’acheter spontanément, ou devons-nous tout passer à travers le filtre du consommer mieux ?
Yuka, la célèbre application à la carotte et aux 12 millions d’utilisateurs, scanne nos courses et nous permet de choisir, ou non, ce qui est mieux pour notre santé. Disposer de l’information ne nous prive pas de notre libre arbitre, fort heureusement. Mais cette liberté se heurte de plus en plus au jugement des autres. « Tu bois du lait de soja ! Tu sais quel est l’impact de sa culture sur l’environnement ? » « Tu manges du foie gras ! Tu n’as pas vu comment les oies sont gavées ? ». « Oui j’avoue… mais j’ai emballé mes cadeaux de Noël dans des restes de tissus. » Ouf… j’évite de justesse d’être clouée au pilori.
Certains choisissent de devenir vegan, d’autres d’utiliser des shampoings solides ou de fabriquer leurs produits ménagers. Chacun agit selon ses convictions… et son porte-monnaie. Les brosses à dent en bambou à 4 euros ne sont pas à la portée de toutes les bourses. Et les jeunes parents n’ont pas tous envie, ni le temps, de laver les couches de leurs bébés.
Oui à la consommation responsable, oui aux produits durables… mais non à la dictature des comportements et à la culpabilisation excessive.
Encourager plutôt que juger.
L’essentiel est de changer de petites choses de notre quotidien tout en veillant à ajuster nos actions à nos valeurs. Être ou avoir ? Être ou paraitre ?
Nous sommes plus ambivalents que jamais et devons gérer nos propres contradictions. Envie du dernier smartphone et adepte du recyclage… Fan de mode mais contre la fast fashion.
Un équilibre à trouver entre désirs et morale, entre plaisir et raison.

A chacun son chemin, pourvu qu’il prenne la bonne voie. Celle du vivre-ensemble et du respect… des opinions, comme de la planète.

Véronique Fima
Réflexion Durable

Crédit photo © Kelly Sikkema sur Unsplash  

Commentaires

  1. Excellent article qui résume bien nos tiraillements quotidiens. Ce sentiment que quelques soient les efforts, changements, nous serons toujours mal notés. Agissons, passons à l'action mais ne laissons pas morale et culpabilité s'imposer. Bravo Vero !

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  2. C'est vrai que l'année 2019 est une année de rupture sur la cause écologique mais cela ne va pas sans produire des effets de bords excessifs L'article traduit bien cette difficulté à trouver le bon équilibre entre prise de conscience et changement de comportement progressif. Les habitudes ont la vie dure... Bravo pour ta plume et le sens de la formule journalistique. Jérôme

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    1. A chacun de trouver son propre équilibre, tout en respectant le choix des autres.

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  3. Bel article qui vise parfaitement les dilemmes actuels. Étudiante, je me sens de plus en plus concernée par ces problématiques. Brosse à dents en bambou, produits en vrac, je fais ce que je peux en fonction de mes valeurs et de mes moyens. Prochaine étape? Le shampoing dur!

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    1. Les nouvelles générations font bouger les lignes. Bravo !

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  4. Bravo Véro pour cet article si juste... La problématique écologique est à envisager dans sa globalité et malheureusement les visions transversales ou globales manquent cruellement dans ce contexte d'instantanéité et d'intolérance, elle est aussi sociale et économique, elle s'envisage dans une réflexion durable...
    Et oui, la notion de plaisir reste importante! chacun avec ses propres envies et ses moyens, libre de ses choix,
    avec discernement et tolérance...

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    1. Merci Claire. A nous de semer les graines de la tolérance et à montrer l'exemple, à nos enfants notamment.

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  5. C'est si vrai...hélas. Comme tu dis on peut faire des choix d'aujourd'hui (technologie surtout) tout en gardant un regard éclairé et choisir ses combats. Je me lance mes petits défis et essaie d'éduquer la famille sans culpabilisation systématique. La grande a choisi d'utiliser des protections en tissus, j'ai banni les pailles et promène mon gobelet au café et apporte mes petits sacs en tissus pour acheter mes fruits et légumes. Mais en réalité même si on est nombreux à avancer avec des petits gestes du quotidien, le vrai pouvoir de faire changer les choses est entre les mains des pouvoirs publics et des choix stratégiques des entreprises...

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    1. Tu as parfaitement raison. Mais la pression des consommateurs est un levier puissant auprès des entreprises qui n'ont pas d'autre choix que de changer.

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