Le temps de la réconciliation

Réseaux sociaux

Et si l'heure était à la réconciliation ?
Faire une pause dans l'escalade hystérique que les médias se délectent à alimenter.
Pas une semaine ne passe sans qu'un sujet polémique n'enflamme la toile et les esprits.
Les uns contre les autres.
Chacun sa case et son étiquette selon son mode de vie, sa consommation, sa religion, sa sexualité, sa provenance... La liste est inépuisable. Le communautarisme n'a, semble-t-il, jamais autant divisé la société.
Rien de nouveau me répondrez-vous.
Sauf que poussé à son paroxysme, le communautarisme génère aujourd'hui un dangereux repli sur soi et une aliénation de la réflexion.
Sauf que nous n'assistons pas seulement à une saine confrontation des opinions mais à une inquiétante opposition des individus.
Sauf que la sphère publique est devenue un prétoire populaire et populiste.

On est forcément "pour" ou "contre" et il n'y a guère de place pour ceux.celles qui se situent ailleurs, refusant tout manichéisme et toute tentative d'intimidation. Ceux.celles qui ne veulent céder à l'injonction de devoir toujours choisir un camp, qui ne souhaitent pas être systématiquement dans le combat. Ceux.celles qui pensent "oui, mais". Notre capacité à nous indigner ne doit pas occulter la nécessité de nous interroger.
A chacun ses batailles, mais la guerre permanente n'apportera pas de réponse constructive. La colère et la rage y trouveront peut-être un exutoire, un éphémère soulagement mais aucun apaisement durable. 
Les réseaux sociaux ont donné la parole à 67 millions de français. Autant de juges et d'experts potentiels de tout poil qui s'expriment sans relâche ni retenue. L'invective est de rigueur. Et les mots perdent de leur sens à force d'être dévoyés.

Le débat est-il encore possible ? Un débat privilégiant les opinions, pouvant être sources de discussions, aux jugements péremptoires qui ne supportent aucune objection. Un débat qui autorise à avoir des convictions et à les défendre sans être stigmatisé. Serein, posé, sans insultes, où chacun considère la parole de l'autre.
La véritable richesse ne réside-t-elle par dans la discussion, l'argumentation, la saine confrontation d'avis divergents ? Même si au final, nous ne nous sommes pas mutuellement convaincus.  L'objectif est-il d'ailleurs de convaincre ou d'inviter à réfléchir ? Plutôt que de chercher à imposer SA vérité, ne pouvons-nous pas aussi écouter celle d'autrui ? Y trouver ne serait-ce qu'une idée recevable, ce petit doute, ce point d'interrogation qui rendra la réflexion d'autant plus féconde.
Croire que l'on détient la vérité absolue, c'est imposer la dictature de la pensée unique. La revendication d'un dogme qui ne saurait être ébranlé par aucune critique. Cette position est confortable. Elle apporte des solutions simpl(ist)es à des problématiques complexes. Céder à cette facilité est certes plus rassurant que de se poser des questions et évite de se remettre en cause. Cette remise en cause, essentielle pour avancer, demande du recul, de l'humilité et beaucoup de force intérieure.
Comme le dit Marylin Maeso, professeure de philosophie, "la nuance ne peut être que le fruit d'une lutte, et d'abord une lutte contre soi-même."
Réapprenons le sens de la nuance et des mots, réouvrons notre esprit, retrouvons le goût du dialogue et du respect. "Le dialogue et la communication universelle des hommes" que défendait farouchement Albert Camus.

Une conception naïve et idéaliste ?
Peut-être. Laissez-moi croire encore un peu en l'humanité.
La vie m'a permis de croiser des personnes qui me donnent raison d'y croire.


Véronique Fima
Réflexion Durable

Crédit photo ©Toa-Heftiba sur Unsplash  

Commentaires

  1. "Réapprenons le sens de la nuance et des mots" : voilà la source du problème, de moins en moins de jeunes apprennent et aiment les mots. Ils préfèrent les images, les vidéos, les emojis...

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    1. Les adultes aussi cèdent à la facilité, privilégiant souvent les images et les vidéos, qui ne doivent pas être trop longues non plus d'ailleurs... Culture du zapping, de l'immédiateté. Il est étonnant de constater que de plus en plus d'articles mentionnent maintenant en amont leur temps de lecture. Notre capacité de concentration tendrait-elle à diminuer ?

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  2. Bravo Véronique pour ce texte plein de bon sens. Oui ''Notre capacité à nous indigner ne doit pas occulter la nécessité de nous interroger''. A l'ère des jugements à l'emporte-pièce, choisissons l'empathie.

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    1. Les parents, mais aussi l'école, devraient apprendre l'empathie aux enfants dès leur plus jeune âge afin de l'ancrer dans leur personnalité. Encore faut-il que les adultes eux-mêmes en soient pourvus... Ce qui est loin d'être le cas de tous.

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  3. Je me.sens très alignée avec tout ce que tu écris. Maintenant les Medias parlent des sujets qui font vendre, c'est la loi de l'offre et de la demande. J'en veux pour preuve la qualité des émissions à heure de grande écoute !!! Nos politiques aussi se battent dans l'hémicycle ou devant caméra et laissent libre cours à leur colère...
    Chacun est responsable ou peut l'être de ce qu'il écoute, de ce qu'il regarde. Ne pas oublier que nos comportements ne sont les manifestations que de nos peurs bien enfouies et que nous ne voulons surtout pas voir en face.

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    1. Je partage complètement Nathalie.
      Heureusement qu'il reste des médias, ou des émissions, qui nous considèrent comme des êtres intelligents dotés d'un sens critique et pas juste des moutons que l'on abêtis. Nous pouvons choisir d'être tirés vers le haut, par nos rencontres, nos lectures, nos visionnaires, nos échanges...
      Quant à nos peurs, ce n'est qu'en apprenant à les regarder en face que que nous parviendrons à les dompter (tout au moins en partie).

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